J'aurai beaucoup à travailler mais j'arriverai au bout. Je ne pense pas aller du tout à Paris cet été. Peut-être irai-je au printemps quelques semaines chez Madame de Schleinitz et de là à Bayreuth pour voir le Parsifal qui sera alors donné pour la première fois.
Adieu, Sire; je finis parce que je n'écris pas très facilement...
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Gobineau à D. Pedro II
Château de Chaméane, 12 août 1882.
Sire,
Je ne me remets pas trop et surtout je n'y vois pas trop clair. C'est pourquoi j'ai quelque peine à pouvoir écrire à Votre Majesté. J'ai fini l'Amadis, tout à fait. Renan m'offre de se charger de le faire imprimer à Paris. J'en suis fort touché car je ne peux pas me dissimuler que ce n'est pas trop de son avis, mais il veut bien y mettre de la sympathie pour mes ouvrages et pour moi; je ne lui en dois que plus de reconnaissance. Comme mon Amadis est celui de mes livres auquel je tiens particulièrement, je suis plus touché encore que je ne saurais dire. Aussi je m'occupe de ce qu'il deviendra plus que j'ai fait encore pour rien.
Madame de La Tour est très occupée aussi de la restauration de Chaméane. Il lui faut surveiller la reconstruction de tout son toit, ce qui n'est pas une petite affaire. Mais c'est vraiment charmant. Il n'y a pas de doute que toute cette construction avec ses huit tours ne soit au plus tard du 13e. siècle. Il est vrai qu'elle a été rarrangée au 16e.; mais tout le gros de l'oeuvre a conservé son caractère du vrai Moyen Âge.
Votre Majesté ne doit pas être très édifiée du tableau que présente l'Europe. Rien de pareil ne s'est jamais vu depuis la destruction de l'Empire d'Occident mais ce qui est surtout intéressant c'est que c'est absolument la même chose et les mêmes gens. Je lisais hier la destrucion